A Maussac, une retenue d’eau artificielle a été supprimée pour restaurer une zone humide
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- 23 déc. 2017
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Créé dans les années 1970 sur 1,24 hectare, l’étang avait une digue de 5 mètres de haut. Son arasement a coûté 27.200 €, financé à 80 % par l’agence de l’eau. © photo ep
La démarche est encore rare, dans une Corrèze qui compte 5.000 étangs. L’un d’eux a été supprimé, avec l’aval des pêcheurs et de l’agence de l’eau.
La nature a vite repris ses droits. En moins d'un an, les joncs et les massettes (roseaux) ont pris possession de l'ex-étang des Marteaux, situé sur la commune de Maussac. Le ruisseau de Laplagne coule désormais toute l'année (aucun assec constaté cet été) et traverse une zone humide qui joue son rôle d'éponge, en cas de fortes pluies.
Effacer un étang constitue un petit exploit dans une Corrèze où ce genre d'équipement est souvent considéré comme un patrimoine. Ancien président de la société de pêche local, Jacques Chaumeil a dû batailler pour convaincre de l'intérêt de l'opération.
C'est Vinci autoroutes, exploitant de l'A89 toute proche, qui l'a lancée : « Cet étang se trouve dans l'emprise de l'autoroute, des terrains dont nous sommes gestionnaires, explique Bertrand Brunie, chef de district. Depuis 2007, cet étang n'avait plus d'autorisation administrative. Il fallait soit le remettre aux normes, soit l'effacer ».
Fort impact sur les milieux aquatiques
Accompagné par la fédération de pêche et l'agence de l'eau Adour-Garonne (*), Vinci autoroutes a opté pour la 2 e solution. « C'est encore méconnu, mais la multiplication des étangs a un fort impact sur les milieux aquatiques, explique Patrick Chabrillanges, le patron des pêcheurs corréziens. Ici à Maussac, on a rendu une zone humide fonctionnelle. Il reste encore du travail pour la renaturer ».
« Quand l'eau coule très fort à Brive, c'est que les zones humides du plateau de Millevaches ne jouent plus vraiment leur rôle de tampon, ajoute Benoît Wibaux, adjoint à la délégation Atlantique Dordogne de l'agence de l'eau Adour-Garonne. Supprimer un étang, c'est délicat. En 2016, on a recensé une trentaine d'opérations. C'est pourtant plus intéressant économiquement. Une mise aux normes coûte en moyenne 28.000 € ; un effacement, de l'ordre de 21.000 € ».
La Corrèze compte près de 5.000 étangs, sept fois plus qu'en 1950. Ils entraînent un réchauffement de l'eau, à l'aval de la digue (qui est aussi un obstacle à la migration de certains poissons), entraînant la disparition d'espèces comme la truite ou le vairon qui apprécient l'eau froide.
Plus difficile à faire passer, les étangs entraînent d'importantes pertes d'eau. Sous l'action du soleil et du vent, l'évaporation engendre l'assèchement des cours d'eau en été. Sur les bassins versants corréziens, la perte globale est évaluée entre 50 et 100 millions de m3.
Mais effacer un étang demande quelques précautions. Vidangé, l'étang des Marteaux est resté connecté à un décanteur pendant un an, le temps que la végétation pousse, pour éviter que les sédiments accumulés ne partent plus loin.
Coordonnateur zone humide au Conservatoire d'espaces naturels du Limousin, Erwann Hennequin conseille d'aller plus loin, « par exemple en créant d'ici quelques mois, une ou deux mares, sans poissons. On pourra aussi envisager une remise en pâture, avec l'aide d'un éleveur ». Une étude menée par le lycée agricole de Neuvic va se pencher sur cette question.
(*) Haute Corrèze communauté et la commune de Maussac sont aussi partenaires.
Éric Porte